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Pendant un temps, à Paris et aux Etats-Unis, elle a fait partie de la scène artistique underground, reconnue pour l'originalité et la spontanéité de son écriture (poésie) mais aussi pour la qualité de ses courts métrages.

Elle ne fréquente aucune école d'art. Autodidacte donc ; Sans en ignorer les formes et la rhétorique, elle se tient à distance du milieu de l'art contemporain et recentre son travail dans un espace visuel. Abel travaille avec acharnement, quotidiennement, sur toile libre ou sur

papier, affirmant une expression très personnelle qui fait coexister peinture et écriture.

BORN TO BE WILD.

Abel travaille à fond la caisse et en musique. Echappant à toute mise en catégories, elle virevolte comme un électron libre, entre peintures, dessins et textes. Abel creuse l'intime et l'espace opaque des non-dits, axes qui articulent son travail. Elle raconte la vie des autres. Récemment, au cours d'une résidence artistique (Berlin Art Institute, The Village Berlin), elle s'est consacrée pendant plusieurs mois à la réalisation de portraits de personnes rencontrées sur les réseaux sociaux : Facebook, Tinder (projets « Lost and Found » suivi de « Beautiful Weirdos »).

QUEER/ Weirdo ; Abel va et vient dans le monde, pose les questions du genre, des masculinités, de l'identité, questionnant la brutalité et la violence d'un monde en/de mutation.

Sollicitée par L'Isba pour une exposition personnelle, Abel saisit l'opportunité de cette carte blanche pour recentrer avec pudeur une traque très personnelle qui met en jeu des principes élémentaires de sa survie : traquer, expulser, tuer des fantômes qui baladent leurs silhouettes

douloureuses mais aussi préserver quelques démons apprivoisés saisis dans la beauté d'instants vécus.

À propos de « Détruire », prochaine étape de ses projets, elle cite volontiers Marguerite Duras : « Je suis pour qu’il n’y ait plus aucune mémoire de ce qui a été vécu, c’est-à-dire de l’intolérable » (Détruire dit-elle, 1969)

« Détruire » ne porte aucune revendication mais montre de manière radicale l’opacité derrière l’illusoire transparence du vide. Il défait l'évidence de ses oppositions : enfance/bonheur, émotions/pouvoir, masculin/féminin, amour de soi/dévotion. Ainsi placée dans l'écart, elle réinvente son identité. Dans l'écart, tout peut être réinterrogé et ainsi ouvrir de nouvelles

perspectives.

 

L’acte de peindre et d’écrire prend ainsi sa charge subversive, il devient critique, il démonte peu à peu et permet le réinvestissement dans l'histoire. Le sujet de l’intime ici prend donc une mesure plus personnelle.

Texte de Sophie Phéline et Isabelle Bagnouls, co curator pour la galerie l'ISBA, 2019

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